Le nom de Gévaudan est formé de deux mots primitifs dont le premier « Gabal » est le nom d’un peuple gaulois (les Gabales) nommé Gabali par Jules César et signifiant « peuple aux fourches » et le second « tan » un radical commun indo- européen qui peut se traduire par « pays des ». On trouve des composés analogues dans les régions de Lourdes (Lavedan) et Grenoble (Grésivaudan) et il paraît probable que de nombreux noms de pays sont composés de la même manière (Afghanistan, Turkestan, Kurdistan etc….). Par les légendes des monnaies, on comprend que le mot Gab(v)aletanum eut un second sens indiquant une qualité, un adjectif pour désigner « ce qui est Gabale ». Le nom de Banassac est quant à lui, composé du mot banne (corne) et du suffixe ac (domaine). La formule souvent rencontrée sur les monnaies BANNACIACO GAVALETANO (le domaine de la corne dans le pays des hommes aux fourches) doit se traduire par Banassac le Gabalitain.
Des dix-sept provinces qui constituaient la Gaule à la fin de l’Empire Romain d’Occident en 476 et qui furent presque toutes conquises par Clovis et par ses fils, dix seulement furent transformées en quatre royaumes au profit des premiers descendants de ce prince : l’Austrasie, la Neustrie, les royaumes d’Orléans et de Paris au premier partage puis le deuxième royaume de Bourgogne et le royaume de Paris au second partage. Les cités du Midi furent réparties au hasard, les princes n’en faisant cas que pour les revenus qu’ils pouvaient en tirer. Ces Méridionaux connaissaient à peine le nom de leurs monarques qui ne furent longtemps pour eux que des fonctionnaires de Rome. La chute de l’Empire Romain d’Occident ayant rompu tous les liens avec l’ancienne administration, les corporations de monétaires se désagrégèrent et l’on vit apparaître des ateliers dans plusieurs cités en raison des besoins du commerce et de l’activité des transactions.
Aujourd’hui on estime que 1/3 des monnaies mérovingiennes conservées dans les musées du monde proviennent de Banassac.
Pourquoi cette abondance de monnaies Gabales ?
Plusieurs hypothèses peuvent être évoquées dont celle de MM. Ponton d’Amécourt et de Moré de Préviala : Ici le sol est pauvre et ce peuple devait importer beaucoup ; il remédiait par son courage aux rigueurs de la nature et rachetait son infériorité par son intelligence. Les hommes quittaient chaque année leurs foyers pour faire du commerce ou louer leurs bras jusque dans des pays éloignés. Ces Gavots, comme on les qualifiait dans le Sud-Est, ces Gavachos, comme on les nommait péjorativement en Espagne car ils acceptaient les tâches les plus ingrates, rentraient chez eux la bourse bien garnie ; ils drainaient l’or wisigoth, le convertissaient en or mérovingien et payaient ainsi la forte soulte en numéraire que l’inclémence de leur climat les mettait dans la nécessité de débourser pour l’excédent de leurs importations sur leurs exportations.
Michel Rouche, dans son compte-rendu « l’Aquitaine des Wisigoths aux Arabes » explique que « cette région fut le véritable Pérou des Francs » tant l’Aquitaine était riche « et attirait la convoitise des gens du Nord […] La vente de la poix pourrait expliquer l’importance de l’atelier monétaire de Banassac ».
D’autres hypothèses sont évoquées par certains historiens : Banassac aurait été le premier Evéché du Gévaudan, ou, supposition plus risquée, capitale d’Aquitaine.
En 1883, M. le Vicomte Ponton d’Amécourt, président fondateur de la Société Française de Numismatique et M. de Moré de Préviala ont classifié les monnaies du Gévaudan en six groupes et de nombreux sous-groupes que l’on peut retrouver dans leur catalogue « Monnaies Mérovigiennes du Gévaudan ».
Les monnaies les plus anciennes contiennent tous les vestiges des types romains à l’état de décadence : effigie impériale de Justin II, la Victoire, le chrisme, la croix, le monogramme, la couronne épaisse de feuillage. Viennent ensuite les premières monnaies au calice avec une couronne sans légende au revers, puis la couronne est remplacée par une légende désignant les rois (Caribert et Sigebert), les monétaires (Elafius. Leudegiselus et Maximinus) ou les lieux. On trouve ensuite la série dite des monnaies Sigebertines (Sigebert III) d’abord au buste puis à la tête, légende au revers Gavalorum ban fiit (fabriqué à Banassac) qui peu à peu vont dégénérer au niveau du métal (électrum) et de l’iconographie. Les dernières monnaies seront frappées en argent.
Enfin, il existe des monnaies frappées pour La Canourgue attribuées au monétaire Maximinus dont les légendes sont SCI MARTINI (Saint-Martin) à l’avers et BANNACIACO FIIT au revers.